Le choix ne fut pas facile et l’annoncer à celles et ceux qui m’ont fait confiance ne l’est pas non plus : je démissionne de mon poste de conseillère communale.
Ma vie professionnelle subit actuellement des transformations qui, pour des raisons liées à mon statut, ne sont pas compatibles avec l’exercice d’un mandat politique. De plus, ces changements auront un tel impact sur ma gestion du temps que je serais dans l’impossibilité d’assumer mon mandat comme il doit l’être, comme Burdinne et ses habitant(e)s méritent qu’il le soit.


En effet, à moins de se contenter de faire acte de présence durant les conseils et de se montrer lors d’activités publiques, la fonction de conseillère communale requiert temps et énergie. C’est en m’y consacrant pleinement, en me formant, en m’impliquant, que j’ai envisagé et exercé cette fonction. La remplir en dilettante serait indigne de la confiance que nous ont témoignée 20 % des Burdinnois(es). Il me faut donc renoncer.

«Que retenir des 9 mois que j’ai passés au sein du Conseil ?»

Le bilan est mitigé. Certes, quelques points de notre programme électoral ont été réalisés. Très partiellement… La majorité communale me semble toutefois manquer cruellement d’ambition et … plus grave, de vision. Il me semble également qu’elle dépense mal à propos les impôts payés par les Burdinnois(es) en ne profitant pas suffisamment des opportunités de subsides. Et enfin, la majorité communale mérite indéniablement le bonnet d’âne en matière de participation citoyenne.

“Permettez-moi de revenir sur quelques dossiers qui me (nous) tiennent à cœur.”
Le Parc du Renoz : durant la campagne et après, nous avions attiré votre attention sur la situation des habitants du Parc. Depuis les élections, des travaux de canalisation ont été réalisés et cela a légèrement amélioré le confort des résidents. Les problèmes fondamentaux ne sont quant à eux pas du tout réglés.

Le Collège n’envisage toujours pas l’adhésion à un plan « Habitat Permanent ». Cette décision, outre le fait qu’elle prive les résidents qui le souhaiteraient d’un important soutien social et d’opportunités de relogement, les empêche aujourd’hui de bénéficier de substantielles aides financières pour la rénovation et l’isolation de leur logement. Mais la majorité reste sourde à cette problématique sociale. Des personnes parfois en difficulté sont privées d’aides pouvant s’élever à plusieurs milliers d’euros… Parce que le bourgmestre ne veut pas intervenir… Mr Gustin a parfois souligné que la commune se portait bien financièrement grâce à l’arrivée de « nouveaux habitants de qualité »… Nous considérons TOUS les Burdinnois comme des habitants de qualité. Et parce que nous craignons des drames humains, parce que tous les Burdinnois ont le droit de bénéficier des subsides prévus par la Région Wallonne, parce que tous les Burdinnois ont le droit d’améliorer leur logement, Ecolo Burdinne ramènera ce dossier sur la table du conseil !

Les logements publics : le droit au logement constitue pour Ecolo un droit fondamental. Mr Gustin est moins convaincu et a dit explicitement au conseil qu’il n’avait nullement l’intention de respecter les prescriptions de la Région Wallonne en matière de logement public dans sa commune… quitte à ce que les Burdinnois(es) se voient imposer des sanctions financières. Nous n’excluons toutefois pas que nos remarques sur le sujet aient contribué à ce que la majorité envisage l’achat d’un bâtiment qui permettra la réalisation de deux logements. C’est déjà ça. Mais ce n’est que ça.

C’est trop peu compte tenu du retard accumulé depuis 30 ans et alors que nombre de Burdinnois (les jeunes avec des revenus faibles ou moyens, les couples qui se séparent et/ou doivent vivre, même pour un temps avec un seul revenu, …) sont contraints de quitter une commune qu’ils apprécient faute d’y trouver un logement à prix accessible.

Réduire l’utilisation des pesticides et tendre progressivement vers la suppression de ces poisons de nos espaces publics : voilà un objectif important à nos yeux.
Nous avions souligné dans notre publication du printemps le retard de Burdinne en la matière ainsi que le fait qu’elle soit l’une des rares communes wallonnes à ne pas avoir adhéré au plan Maya. Ici aussi, il nous semble que notre présence n’a peut-être pas été vaine… La majorité a en effet décidé lors du conseil communal suivant de s’engager sur la voie d’une gestion différenciée des espaces publics. Comme c’est souvent le cas, il aura fallu attendre d’y être contraint : la Région Wallonne a en effet fixé un objectif « zéro phyto » dans les espaces publics à partir du 01 janvier 2019 mais l’interdiction des pesticides débutera en fait en juin 2014.
Seules les communes qui disposent d’un plan de gestion différenciée pourront demander des dérogations. Nous serons dès lors particulièrement attentifs à ce que la charte de gestion différenciée ne soit pas que l’alibi qui permettra de solliciter des dérogations à l’emploi des pesticides. Nous veillerons à ce que Burdinne ne sollicite pas ces dérogations de manière intempestive… C’est en effet l’utilisation que des communes dont la démarche n’est pas sincère pourraient faire de cette charte… Nous plaiderons pour que la majorité communale soit ambitieuse et se montre digne du statut de Parc Naturel qu’elle revendique si opportunément lorsqu’il s’agit de s’opposer aux éoliennes…

Aménagement de la gare de Burdinne : comme la ferme de la Grosse Tour, comme le mur du cimetière d’Hannêche, comme le centre culturel d’Oteppe, comme la salle du tennis de table, comme les installations du football à Marneffe, la gare de Burdinne se dégrade lentement. Depuis deux législatures, la majorité promet sa rénovation. Des promesses certes, mais pas de date, pas l’ombre d’un projet concret… Ce lieu splendide pourrait … devrait devenir le centre de la vie culturelle burdinnoise et être un haut lieu régional du « vivre ensemble » …

Loin de ses promesses d’il y a 7 ans, la majorité envisage aujourd’hui plus modestement le remplacement de quelques châssis en profitant de subsides dans le cadre du plan UREBA. Remplacer des châssis c’est bien… Mais quels châssis ? Dans le cadre de quel projet ? Comment le bâtiment va-t-il évoluer ? Nous ne connaissons pas les réponses… Les Burdinnois(es) ne connaissent pas les réponses.

La place de Marneffe et les installations du football nous semblent avoir été financées en dépit du bon sens, la dette par habitant s’envole et personne, lors des conseils, n’a encore dit comment l’hypothétique projet d’aménagement de la gare sera financé. Les possibilités existent pourtant. Nous avons proposé d’entrer dans la démarche d’un programme communal de développement rural (PCDR) généreusement financé par l’Europe. Mais Mr Gustin n’en veut pas.
C’est un choix nous dit-il. Le choix d’endetter les Burdinnois(es)… Le choix de les priver de participation citoyenne. Le choix de voir le patrimoine de la commune se dégrader… Un choix qui reste incompréhensible à mes yeux….

Pendant ce temps, les autres communes du Parc Burdinale-Mehaigne avancent et profitent non seulement du PCDR mais aussi des subsides résultant de leurs plans communaux de développement de la nature (PCDN), des subsides pour leurs agences de développement local (ADL), des subsides pour les plans de cohésion sociale, de subsides dans le cadre du plan Maya, des subsides pour la construction de logements publics, … Autant de sources de financement que Burdinne rejette de façon énigmatique…

Et donc à Burdinne… on fait peu et on le fait sur le compte des Burdinnois(es). Cette politique mène droit au gouffre… d’autant que Mr Gustin, député-bourgmestre, a un comportement quelque peu contradictoire… presque schizophrène à vrai dire, quand il vote en tant que député des mesures dont il déplore l’impact sur les finances communales en tant que bourgmestre.

Et le vent du changement ne semble pas devoir rapidement souffler. Les membres de la majorité votent comme un seul homme… comme leur bourgmestre en fait. Et ce, même si leur discours en dehors du conseil communal est parfois plus nuancé…

Mon successeur n’aura donc pas la tâche facile et il aura besoin de votre soutien. Il pourra toutefois compter sur les atouts dont j’ai disposé durant 9 mois : une réelle vision et un projet soutenus par une équipe soudée.
Ces atouts garantissent aux Burdinnois(es) que la transition se déroulera sans heurt : seul le représentant de notre groupe va changer. Le groupe, lui, reste le même et j’y resterai active. Une nouvelle tête donc, mais toujours cette volonté de faire souffler un vent de changement positif sur une commune qui en a besoin.

Je ne peux terminer cette lettre ouverte sans remercier celles et ceux d’entre vous, écologistes convaincus ou électeurs I.C., qui m’ont manifesté leur sympathie pendant la campagne électorale d’abord, durant mon mandat ensuite. J’ai apprécié nos rencontres, j’ai apprécié votre soutien.
Au plaisir de vous recroiser.

Françoise.